06/11/2023
36 heures seulement consacrées en arrivant pour la capitale islandaise c'est peu. Mais c'est suffisant pour quelques clichés du vieux port, des musées qui nous semblaient les plus intéressants (Einar Jonsson, Hafnarhusz), de la rue Skolavoroustigur qui mène à l'église immanquable de Hallgrimskirkja (retenez bien ces noms sans vous forcer...), du Centre des Congrès & de concerts HARPA, bel exemple d'architecture moderniste (œuvre conjointe du Cabinet H. Larsen, d'O. Eliasson et E. Asgeirsson). Sa façade de verre en nid d'abeille rappelle les orgues basaltiques. Prenez vous aussi en photo au pied de la sculpture en acier inoxydable de JG Arnason "le voyageur du soleil", reproduisant un bateau viking qui se dirige vers le soleil couchant... Temps gris avec du vent, comme de coutume. En atterrissant la veille au soir, nous avions failli nous envoler : un accueil sans transition, tout ce qu'il nous faut...
A 3 heures de route de la capitale, la péninsule de Snaefellsnes se mérite pour son volcan orné d'un glacier, que Jules Verne a emprunté pour son roman "Voyage au centre de la terre"... Nous l'avons cherché, approché, guetté dans la brume sans jamais le voir totalement dévoilé... C'est aussi le royaume des trolls. Leur présence se ressent, ils sont parsemés dans la nature : sous forme de rochers rebaptisés. Quant à l'atmosphère cotonneuse, elle rendait ce début de périple encore plus dépaysant, un tantinet énigmatique. Je n'avais pas froid mais le vent rendait l'air plus glacial qu'annoncé mais mon épouse y était beaucoup plus sensible !
Il ne faut pas louper les falaises de Latrabjarg. Si vous aimez les sensations fortes, les 400 mètres de hauteur de celles-ci offrent des à-pics prodigieux, à couper le souffle. D'ailleurs vous n'oserez même pas vous pencher car les bords sont sans protection, parfois friables ... Evitez la balade par gros temps avec le vent qui souffle vers la mer ! L'emplacement est idéal pour observer les macareux, mais pas en cette saison (avant août) ! Après les frissons, place aux émotions face à la beauté sauvage du site de Rauôisandur et sa plage de sable brun, sa lagune zigzagante, ses phoques curieux... Et quel régal que la balade sur cette côte entre les bancs de sable immergés à marée basse, assurément une des plus belles plages d'Islande ! En repartant du site en cul de sac, ne manquez pas la mignonne petite église en poussant vers la gauche à l'embranchement du site.
Les chutes de Dynjandy ne sont pas spectaculaires mais vraiment atypiques : elles tombent en escaliers sur une grande largeur dans un cadre très "islandais". Pinguery et sa péninsule valent vraiment le détour avec sa piste impossible qui fait le tour du cap. Vous n'y croiserez personne et ferez comme nous demi-tour quand la piste se fait magmats de galets quasi infranchissables sans un 4X4 muni d'énormes roues que nous n'avions pas... Autre détail bon à savoir, il faut passer à marée basse ! Quelle beauté que ses montagnes en à pics, le bleu nuit du fjord, les pâturages aux tons automnales, les cours d'eau à franchir en toute quiétude... La région est encore un lieu "du bout du bout". Enfin, le dernier fjord atteint, nous faisons halte à Bolungarvik face au Hornstrandir, presqu'île interdite aux nouvelles habitations et accessible par bateau uniquement. Nous avions réservé l'excursion avec guide parmi un groupe d'une quinzaine de marcheurs chevronnés. Au programme du jour et sous un ciel bleu : escalade très pentue avec vue au sommet à 360°, dans un lieu dépourvu d'habitations permanentes. Nous avons également testé la descente à l'aide d'une corde lors des passages les plus raides, à faire sur les fesses si vous n'y tenez pas. Un coin de paradis préservé, au moins pour les renards arctiques (on n'en a pas vu la moindre queue) ! Le périple par bateau est un peu longuet, coûteux mais très intéressant : ne pas hésiter à craquer pour une balade "challengig"... Très beaux souvenirs garantis.
Nous sommes maintenant à l'Est des fjords de l'ouest en passant par le Strandir pour aborder désormais le Hornstrandir par le Sud... La piste se termine après un hot spot délicieux en bas de falaises verdoyantes sur une plage de galets. Halte au dernier village difficilement ravitaillé l'hiver en moto neige. 13 habitants pour toute la contrée hormis les moutons et les chevaux sauvages... Le vent soufflait en moyenne à 70 kmh mais probablement bien plus par bourrasques. Le touriste non averti peut y laisser des portes de voitures mal tenues ! Nous vous conseillons le musée du renard articque : un couple gris et blanc, malheureusement en cage. Très belles photos de la nature. Vous croiserez des paquets de moutons non-chalands, des bouquets de cygnes volants, des habitations esseulées, abandonnées, des églises fermées... Et toujours pas de cars touristiques, loin des circuits traditionnels. Pas de bistrot, pas de mobylette ! Quasiment rien.
La péninsule de Vatnses et ses phoques... on ne peut pas les manquer à Osar. Il faut marcher le long de la côte en remontant le courant. Ne pas écraser les centaines de petites méduses multicolores, échouées sur le sable à marée basse... et profitez des phoques qui se prélassent sur la lagune couleur sable noir avec un fond en touffes de hautes herbes et de glaciers bleutés. Un restant de falaises basaltiques se détache dans la mer et s'y enfonce à marée haute. Nouveau spot plus au nord pour observer les phoques du coin à Hvitserku. On peut les approcher en surplomb, et quasiment les toucher. Ils pêchent et se prélassent, se toisent.... Des moutons et béliers paissent paisiblement. Tout n'est que calme et volupté monastique... Et des chutes d'eau, des chutes d'eau, des chutes d'eau...
Retour vers le sud en revenant sur nos pas par la côte ouest, pour accéder au Cercle d'Or. Il faut couper par la piste fort carrossable pour arriver par le nord du parc national de Pingvellir, sous un soleil radieux dans un paysage splendissime. Le site est historique, très symbolique. C'est ici que se rassembla la première assemblée du pays avant l'an 1000 à un endroit magique au pied des falaises du rift : c'est la faille qui sépare les plaques tectoniques euro-asiatique et nord-américaine; On peut l'enjamber... Un grand lac occupe le centre de la région entourée de volcans plus ou moins actifs, de cascades ainsi qu'une charmante petite église. C'est là aussi que résidaient jadis certains dirigeants de l'île. Là encore il faut s'échapper et poursuivre sur les sentiers pour échapper à la meute des visiteurs, toujours nombreux car à une cinquantaine de kms seulement de la capitale, malgré la période hors saison. Tout proche, faites un crochet pour piquer un nez dans les vapeurs de xxx. L'eau s'échappe à jets discontinus, à plus de 100° en nuages parsemés par le vent. Non loin de là, il faut visiter Stakholt pour ses églises et le musée consacré à l'écrivain local (premières photos ci-dessous).
C'est le périple habituel; Après le P.N. de Pingvellir, faites un crochet par Geysir (tout est dit dans le mot) que vous observerez en flânant dans la nature puis du haut de la colline (montez y, celà vaut le coup d'oeil). C'est un geysir en forme de très grosse bulle qui se forme progressivement et jaillit plus ou moins haut selon ses envies... C'est pas Yellowstone et son Old Faithfull (USA, Wyoming) mais c'est très cyclique et l'attente est courte. Vous poursuivrez jusqu'à Gulfoss et ses chutes et cascades qu'il faut longer sur de nombreux kilomètres. Il faut du courage pour grimper de collines en collines, être bien équipé (on avait oublié le casse-croûte car on ne s'attendait pas à un parcours aussi long), avoir du temps pour se perdre vers l'intérieur du Haut plateau islandais... La récompense se voit par l'environnement toujours plus sauvage, un horizon toujours recomposé, nous laissant découvrir de nouveaux points de vue sur la rivière qui roule tumultueuse en contrebas. Et puis, il faut bien faire demi-tour pour redescendre avant la nuit. Cette promenade prend finalement la journée : hautement recommandée !
Les îles Vestmann au sud du sud sont remarquables pour leur site où tout est rassemblé sur peu d'espace. Composées de plusieurs îlôts dont le plus grand Heimaey est le seule habité, avec un dernier îlot apparu sur terre en 1973, suite à une éruption sous-marine. Quelques années plus tard sur Heimaey, les forces telluriques se déchainaient sous forme d'une éruption volcanique de 6 mois, obligeant la population a évacué de toute urgence (4000 habitants). La coulée de lave issue d'une faille de plusieurs kilomètres au Nord de l'île menaça de recouvrir la ville et de bloquer le port et son activité stratégique vouée à la pêche. L'intervention de matériels américains permit de stopper le mur de lave en le refroidissant (qui recouvrit quand même un quart de la ville) avant qu'il ne ferme totalement l'accès au port. Un musée - à ne pas manquer - retrace cette bataille et exhibe une maison recouverte de cendres et de scories, sauvée de la démolition par celles ci; La maison miraculée fut déblayée 40 ans plus tard en présence de ses propriétaires. Ceux-ci purent retrouver quelques équipements et objets abandonnés dans la hâte du départ, bien qu'ayant subi l'épreuve de la chaleur. Poignant. Les deux autres jours furent employés aux escalades splendissimes en surplomb du site et leurs à-pics vertigineux. Promeneurs non aguerris, s'abstenir... Cet île fut un régal. Le ferry nous y conduit en une heure, l'arrivée est un joli moment... A cocher sur votre planning !
En revenant sur le continent, nous ne pouvions pas manquer la promenade de Skogafoss : la cascade proche de la mer est le départ d'un des treks les plus fameux d'Islande : le trek de Langmarr de 24 kms qui s'enfonce au coeur de l'île. Nous en avons emprunté les 7 premiers kms qui nous promettaient d'atteindre un pont suspendu au dessus de la rivière Skoga, perdu dans la brume. Nous nous sommes donc engagés le long des gorges formées par la Skoga en furie pour gravir de monts en monts le sentier tortueux à travers un décor de rêve, que l'on peut apercevoir dans "Games of Thrones"... Nous avons vite oublié les visiteurs amassés au pied de la chute pour grimper dans un univers délaissé par le tourisme de masse. Après avoir longtemps marché en pente douce, nous avons du faire demi tour... au bout de 4 heures sans avoir atteint le fameux pont; il nous restait pas mal de kms en voiture avant notre prochaine halte. Nous avons ainsi découvert ce que devait être ce trek de plusieurs jours à travers des paysages fabuleux... Le refera t'on un jour en partant du Nord (prévoir 4 à 5 jours) ?
Imaginez une plage de galets profondément black, des falaises basaltiques taillées, des rochers volcaniques fort sombres au soleil couchant, et des vagues à la puissance inouïe... Retirez la masse de touristes attirée par ce site sublime, et vous avez une des plus belles cartes postales du voyage. La péninsule de Dirholaey munie de son phare aux couleurs orangées, surplombe le tout. Il faut y grimper pour jouir d'une vue à 360°. Là encore, fraîchement mariés et autres zozos comme nous viennent immortaliser le lieu et ressentir un bref moment d'enchantement absolu... Nous sommes à deux pas de Vik, étape du Sud obligée. A cocher encore dans votre planning !
Cette petite ville du Sud de l'île est une étape à ne pas manquer. Elle est le point de passage pour accéder à l'Est de l'Islande sur la Route 1 qui frôle les glaciers géants du Centre et longe la côte, entre falaises et lagunes glaciaires. Un must de ce pays. Nous sommes restés 4 nuits au "Black Beach Suites" pour pouvoir jouir de Dirholaey et Reynisfjara comme nombre de touristes. A 200 kms de Reykjavik, les sites iconiques sont intégrés au voyage d'une journée accessible en car depuis la capitale. Grimpez aussi à la petite église de Vik et priez qu'elle ne soit pas fermée... Toutes les églises isolées que nous avons croisées lors de notre périple - toutes contrées confondues - étaient en générales closes (en dehors des cérémonies). Il fallut voler quelques images des intérieurs à travers des fenêtres et vitraux plus ou moins opaques... Dommage. Bien entendu, le site et ses rochers déchiquetés sont encore plus magiques si le temps nous réserve un coucher de soleil non voilé, ce qui ne semble pas hélas très courant... Je le redis : absolument magique ! Un conseil +++ : levez vous très tôt pour éviter les badauds de la pleine journée qui s'empilent sur les photos... C'est là aussi, que j'ai surpris un groupe de photographes amateurs en pleine exercice... avant dernière photo !
Quelle journée à Pakgil ! Il faut s'enfoncer sur la piste 214 (que l'on prend à partir de la route 1) sur une vingtaine de kms vers le centre de l'île pour traverser des paysages fan-tas-tiques : lunaires et verts qui surplombent une très vaste vallée lagunaire composée de centaines de filets de rivières issus de la fonte des glaciers... Ce fut la plus belle route en gravillons empruntée. La piste oblique vers le Nord Ouest jusqu'à un cul de sac. Des cabanes bien rangées attendent les randonneurs pour une nuit ou plus. Vous êtes arrivés à Pakgil. Un mur sévère à escalader en de multiples lacets constitue le départ du trek... suivre les bâtons de couleur jaune et serrez les dents car le départ est titanesque... Puis de monts en monts, d'une brume lointaine émerge quelque fois le bas du glacier qui nous tend son front.. Malgré 4 heures de marche à l'aller pour 6 kms, nous n'arrivons pas à le toucher, sans doute masqué par cette brume des sommets trop opaque (en fait il fallait bifurquer sur la gauche mais nous avions dû dépasser le signal). Nous redescendons déçus par l'objectif manqué mais la mémoire remplie d'horizons splendides révélant les gorges de la rivière. La pluie menaçait, finalement ce sont les rayons du soleil qui nous suivent lors de notre retour vers la vallée. Assurément le plus beau des treks avec le Hornstrandir... Les cinéastes du monde entier ne s'y trompent pas.
Skarfatounga, Voici un paysage original parmi les originaux... que de la mousse au ton vert vif à l'horizon sur des rochers basaltiques. Défense de marcher... Le travail de la nature sur des dizaines de milliers d'années. Petite ballade vite faite sur de menus sentiers ! Voilà maintenant, quelques arbres d'automne au pied de la cascade Foss à Oui. Les arbres sont des denrées rares en Islande et nombre de régions reboisent après des siècles d'abattage ! Puis nous poussons jusqu'aux glaciers Skatafellsjokull et dans la foulée le Svinafellsjokull. Au pied des blocs de glace noircis par les cendres, des lacs se forment et gonflent au fur et à mesure de la fonte toujours plus vertigineuse des glaciers articques. Les paysages sont toujours plus somptueux (on les a choisi pour leur "progressivité" en beauté !). Autre bon point, les visiteurs ne sont plus très nombreux en ce début d'octobre, il faut en profiter et la nature nous est presque réservée.
Avant de découvrir le clou des clous (Jokulsarlon), voici une mise en bouche avec une promenade jusqu'au pied du glacier voisin, le "Fjallarson" moins connu et donc moins couru, ce qui nous va très bien. Les blocs de glace se détachent de la langue glaciaire pour dériver lentement vers la côte et la mer... Passons nos dernières nuits de notre périple nordique à l'Ektra Glacier Home dans un magnifique chalet perdu au pied de falaises habillées par les fleurs sauvages couleurs automnales. Le cadre est reposant, oublié, et le temps reste favorable, O miracle de la fée météo.
La fin de notre périple nous conduit au site de Jokulsarlon, le point culminant de nos paysages époustouflants et si dépaysants. On en profite pour parcourir le lac avec un zodiac qui va slalomer entre les icebergs capturés par la lagune. De paisibles phoques se prélassent sur les blocs de glace. Ils sont au paradis car sans prédateurs et cassent la croûte sans aucune crainte. Nous traversons le pont pour rejoindre Diamond Beach, la bien nommée; Les restes de glace fondue éparpillés viennent s'échouer sur la plage de sable noir. Ajoutez là dessus un soleil déclinant, ses dernières lueurs orangées... et vous obtenez de sublimes (le mot est faible) cartes postales à figer éternellement dans votre mémoire. Nous sommes à 440 kms de l'aéroport, que nous parcourrons le lendemain d'une seule traite. La voiture de location n'était pas terrible et nous avons du la changer en cours de route. Attention aux prix racoleurs, leur 4X4 accusent 240 000 kms en moyenne... Ainsi s'achève notre périple islandais de 5 semaines sans heurt et sans autre mauvaise surprise. Le pays est tès cher (il faut privilégier les sandwichs maison !), les possibilités hôtelières ne sont pas nombreuses (en général de qualité), mais les routes sont très praticables et ne demandent pas une forte expérience de conduite (sauf les pistes les plus escarpées pour les routiers les plus téméraires). Nous avons pris le temps de flâner et n'avons parcouru qu'une moitié du pays en 36 jours. Il en faudra bien autant pour y revenir et parcourir l'île par l'est et le nord mais en changeant de période : en avril/mai avec des paysages de neige, les macareux "nouveaux nés", et de longues journées qui s'allongent encore... Le plus fort de nos voyages à ce jour avec les grands parcs US ! Xo Xo